La France sous nos yeux. Economie, paysages, nouveaux modes de vie

Structuré en cinq parties principales, l’ouvrage explore des aspects très concrets, aussi divers que complémentaires, de la sociologie de la France. Sans jamais tomber dans une dialectique verbeuse, les deux auteurs se penchent aussi bien sur les nouveaux modèles économiques, où se rencontrent les usines, les zones commerciales mais également les parcs d’attraction, dans la première partie, que sur la redistribution des couches sociales, dans la quatrième partie, ou encore sur le passage des traditions à la globalisation culturelle dans la dernière partie.

Selon leurs propres termes, messieurs Fourquet et Cassely entendent revisiter en quelque sorte, et surtout actualiser, l’imagerie d’Épinal diffusée par une tradition héritée du récit de G. Bruno, Tour de la France par deux enfants. En focalisant leur étude sur des phénomènes apparemment aussi hétéroclites que les émissions de Stéphane Plaza ou l’influence de la culture américaine en passant par les livreurs de sushis ou les boulangeries de ronds-points, c’est toute une nouvelle sociologie du quotidien que mettent en avant les deux essayistes, parvenant ainsi à donner forme et sens à ce véritable patchwork économique, culturel et humain qui construit une France nouvelle, celle des années 2000.

La grande force de l’essai de Jérôme Fourquet et Jean-Laurent Cassely repose sur la dynamique de l’analyse qu’ils construisent au fil des chapitres. Le propos est constamment étayé par l’exemple le plus concret emprunté à la réalité quotidienne, quand il ne procède pas directement de celui-ci. Dès l’introduction, sont par exemple directement mis en avant le mouvement des gilets jaunes et les revendications que manifestent ceux qui jusque-là étaient considérés comme les invisibles de la sociologie.

Cette démarche, très pédagogique s’il en est, apparaît donc la plus à même de permettre au lecteur néophyte d’investir son propre vécu dans la réflexion qu’initie le texte des deux auteurs. Il en ressort une intention très louable qui consiste, sinon à réconcilier des antagonismes, du moins à démontrer les liens souvent ignorés qui sous-tendent le paysage économique, culturel et humain français. L’ambition de l’ouvrage, affirmée dès l’introduction, est donc de proposer une vue d’ensemble de cette « France d’après » que d’aucuns appellent de leurs vœux et dans laquelle chaque lecteur peut être amené à projeter son expérience personnelle du quotidien tout en la reliant pour une meilleure compréhension à celle d’autrui.